LES PROJETS DE “PIPELINES” EN AFRIQUE

Le 14/04/2024

Les pipelines jouent un rôle crucial dans le commerce mondial des hydrocarbures en assurant le transport efficace et sécurisé des ressources énergétiques essentielles, telles que le pétrole et le gaz naturel. Ils offrent un moyen fiable et rentable de transporter de grandes quantités de pétrole et de gaz sur de longues distances, ce qui est crucial pour alimenter les marchés mondiaux en énergie.

Comparé au transport par voie maritime, les pipelines sont souvent plus rentables, réduisant ainsi les coûts pour les producteurs et les consommateurs finaux et offrent une méthode sûre et sécurisée de transport, réduisant les risques de pertes, de vols ou de déversements associés à d’autres moyens de transport comme les tankers.

En reliant différents pays et régions, les pipelines facilitent le commerce international des hydrocarbures, contribuant ainsi à l’intégration économique mondiale.

En Afrique, les projets de pipelines, tels que le CAPS, le gazoduc Nigéria-Maroc, le gazoduc transsaharien et le pipeline EACOP, renforcent l’infrastructure de transport des hydrocarbures du continent ; en se connectant à des marchés régionaux et internationaux, permettent de diversifier les sources de revenus en exportant vers différents pays et régions.

Avec ses vastes réserves et ses infrastructures de pipelines en expansion, l’Afrique se positionne de plus en plus comme un fournisseur clé sur le marché mondial des hydrocarbures.

Le développement des pipelines en Afrique attire les investissements étrangers dans le secteur énergétique du continent, stimulant ainsi la croissance économique et le développement des infrastructures.

En renforçant ses propres infrastructures de transport, l’Afrique réduit sa dépendance aux voies de transport traditionnelles contrôlées par des tiers, ce qui lui donne un plus grand contrôle sur ses propres ressources.

Le continent africain, avec d’importantes réserves de ces ressources, les pipelines représente des infrastructures vitales qui ont un impact significatif sur le commerce mondial et la position du continent sur la scène énergétique mondiale. Avec des défis persistants dus à des infrastructures insuffisantes pour exploiter pleinement ces richesses, plusieurs projets de pipelines sont actuellement en développement pour améliorer le transport et la valorisation des hydrocarbures.

Selon la Banque Africaine de Développement (BAD), les investissements dans les pipelines africains sont estimés à des dizaines de milliards de dollars. Par exemples, le gazoduc Nigéria-Maroc nécessite un investissement de 25 milliards de dollars, le projet EACOP en Ouganda et en Tanzanie devrait créer plus de 10 000 emplois directs et indirects pendant la construction, selon la Société d’Exploitation du Pipeline de l’Afrique de l’Est (EACOP).

Les principaux projets de pipelines en Afrique

Système d’Oléoducs d’Afrique Centrale (CAPS)

Le CAPS vise à relier les pays d’Afrique centrale, orientale et occidentale – dont le Cameroun, la République centrafricaine, le Tchad, la Guinée équatoriale, le Gabon, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Rwanda et le Burundi – dans le principal but de réduire la dépendance vis-à-vis des importations énergétiques non africaines. Ce système sera composé de raffineries, de centrales électriques au gaz, de terminaux de gaz naturel liquéfié, d’oléoducs et de gazoducs multinationaux.

Ses objectifs principaux sont de réduire la pauvreté énergétique et la dépendance aux importations. Composé de raffineries, de centrales électriques, de terminaux de GNL, d’oléoducs et de gazoducs, le CAPS favorise la coopération régionale en intégrant les économies et en stimulant la croissance économique dans les pays participants.

Les pipelines renforcent la stabilité énergétique de l’Afrique et de ses partenaires commerciaux. Selon la BAD, le CAPS (Système d’Oléoducs d’Afrique Centrale) permettra de réduire les pénuries énergétiques et d’améliorer la stabilité dans la région.

Le gazoduc Nigéria-Maroc

Annoncé en grande pompe fin 2016, ce mégaprojet de gazoduc doit parcourir plus de 5000 km et traverser une dizaine de pays pour, à terme, être connecté au marché européen. Ce pipeline serait une extension d’un gazoduc qui achemine le gaz du sud du Nigeria au Bénin, au Ghana et au Togo depuis 2010.

Ce gazoduc doit passer par 15 pays ouest-africains jusqu’au Maroc, et du Maroc jusqu’à l’Espagne et l’Europe », a rappelé le ministre. L’acheminement du gaz nigérian à l’Afrique du Nord alimente depuis longtemps de nombreux intérêts, l’Algérie ayant notamment mené des discussions en 2002 pour un projet similaire de pipeline traversant la région du Sahel.

L’accord entre le Nigeria, le Maroc et la CEDEAO pour le gazoduc Nigéria-Maroc vise à maximiser la monétisation des ressources gazières et à répondre à la demande énergétique croissante.

Ce projet revêt une importance stratégique pour l’Union européenne, qui tente de se libérer de sa dépendance au gaz russe.

D’énormes enjeux économiques et géostratégiques tournent autour de ce projet.

Plusieurs pays africains font face à des coupures régulières de courant, avoir accès au gazoduc leur permettrait de produire plus d’électricité à travers des centrales thermiques alimentées en gaz naturel. Ces pays gagneraient en productivité avec le développement des industries et le secteur agricole pourrait tirer son épingle du jeu car le gaz permet de faire des engrais essentiels et dont les coûts explosent avec la guerre en Ukraine.

Depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, les réserves en gaz de l’Afrique attirent de plus en plus les regards, l’Union européenne cherchant notamment des alternatives à son approvisionnement en gaz par la Russie. Cependant, si le continent dispose de nombreuses réserves en gaz, le manque d’infrastructures reste un frein majeur.

Ce projet viendrait s’ajouter au réseau de gazoducs existants qui approvisionnent l’Europe via la mer Méditerranée. Mais, également la Chine, qui a massivement investi dans l’industrie pétrolière nigériane et qui envisage de faire croiser ce pipeline avec son initiative de « La Ceinture et la Route ». L’état Russe montre aussi son intérêt croissant pour le futur gazoduc, qui peut constituer un moyen de contourner les sanctions imposées par l’Occident en orientant ses investissements vers l’Afrique.

Le gazoduc Transsaharien

Un mémorandum d’entente de concrétisation du projet de gazoduc transsaharien (le TSGP), a été signé le jeudi 28 juillet 2022 et devrait relier à partir de 20271 le Nigeria à l’Algérie pour transporter du gaz naturel vers l’Europe. Mais, l’accord concrétisant la mise en œuvre du gazoduc transsaharien n’a été signé que le 3 juillet 2009 par les gouvernements du Niger, du Nigeria et de l’Algérie.

Ce projet, d’une longueur de plus de 4 128 km, a pour ambition d’acheminer du gaz nigérian vers l’Europe. Le gazoduc transsaharien (NIGAL, pour Nigeria-Algérie) devrait transporter à terme des milliards de mètres cubes de gaz nigérian vers l’Algérie en passant par le Niger. L’Algérie pourra ensuite envoyer vers les pays de l’Union européenne du gaz nigérian par le Transmed, qui relie le pays à l’Italie en passant par la Tunisie.

La collaboration entre le Nigeria, le Niger et l’Algérie à travers ce projet de gazoduc transsaharien est cruciale pour garantir la sécurité énergétique régionale et pour ouvrir de nouvelles voies d’exportation vers l’Europe. Avec sa capacité élevée, ce projet offre une opportunité stratégique de diversification des approvisionnements européens en gaz, réduisant ainsi la dépendance au gaz russe et contribuant à l’intégration économique régionale.

Il faut noter que les zones conflictuelles traversées par ce gazoduc, font parties des principaux facteurs risquent qui peuvent contraindre la réalisation du projet. Comme exemple, le delta du Niger où des militants sabotent régulièrement les infrastructures des multinationales du secteur de l’énergie, la présence des rebelles Touaregs dans le nord Niger, et des groupes militants islamiques dans sud désertique de l’Algérie.

Pipeline de Pétrole Brut d’Afrique de l’Est (EACOP)

Le projet EACOP (East African Crude Oil Pipeline) est un projet majeur, d’un cout évalué à 5 milliards de dollars américains en Aout 2021, pour la construction d’un pipeline destiné à transporter le pétrole brut depuis l’Ouganda jusqu’à la côte tanzanienne, en destination des marchés internationaux. Le projet est notamment financé par la sud-africaine Standard Bank et par la Banque Industrielle et Commerciale de Chine. Les objectifs sont de stimuler l’exploration pétrolière et de contribuer à la croissance économique de la région, tout en offrant une alternative viable pour l’exportation de pétrole brut vers les marchés mondiaux.

L’Ouganda a des réserves prouvées de pétrole dépassant 6,5 milliards de barils, dont environ 2,2 milliards de barils sont récupérables. L’oléoduc devrait avoir une capacité de production de 216 000 barils de pétrole brut par jour.

En conclusion, il faut noter que ces projets pourraient maintenir la dépendance des économies africaines aux exportations d’hydrocarbures, ce qui les rend vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux.

Les pipelines pourraient devenir des cibles dans les conflits régionaux, ce qui compromettrait leur stabilité et leur fonctionnement.

Dans un autre sens, les autorités étatiques devraient intégrer, dans une plus grande dimension, les énergies renouvelables, pour une meilleure transition vers des sources d’énergie plus durables ; avec une meilleure prise en charge des problématiques environnementales.

En diversifiant les sources d’approvisionnement énergétique et en réduisant la dépendance à certains partenaires, ces projets contribuent à la diversification géopolitique de l’Afrique. Cela renforce la souveraineté des pays participants et les protège des fluctuations géopolitiques mondiales.

Les principaux projets de pipelines en Afrique représentent une avancée significative vers l’exploitation optimale des ressources énergétiques du continent. Malgré les défis et les risques, ces projets offrent des opportunités majeures en termes de développement économique, de coopération régionale et de positionnement mondial de l’Afrique dans le secteur de l’énergie. Une gestion stratégique, incluant la durabilité environnementale et la diversification des sources d’énergie, sera cruciale pour maximiser les avantages et atténuer les risques de ces projets, tout en contribuant à une économie énergétique africaine plus solide et diversifiée.

Selon, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE), l’Afrique sub-saharienne deviendra une source importante de gaz naturel liquéfié (GNL) pour l’Europe d’ici 2030, grâce à des projets tels que le gazoduc Nigéria-Maroc.

BRES-Octagone  (bres.octagone.drt@gmail.com)

SIRAS/ THINK-TANK

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