La position stratégique de Djibouti est en effet remarquable, ce qui en fait un point d’intérêt pour de nombreuses puissances étrangères.
Djibouti est situé dans la Corne de l’Afrique sur le golfe d’Aden et le Bab-el-Mandeb, à l’entrée sud de la mer Rouge. Avec une superficie totale de 23 200 km2, ses frontières s’étendent sur 506 km et est limitrophe à la Somalie (Somaliland) au sud-est avec 58 km de frontière, l’Éthiopie au sud et à l’ouest avec 337 km, l’Érythrée au nord sur 113 km et au travers du détroit Bab-el-Mandeb, une frontière maritime avec le Yémen. Sa population en 2022 est estimée à environ 1 million de Djiboutiens.
Djibouti est situé à l’entrée de la mer Rouge, l’une des voies maritimes les plus importantes au monde, reliant l’océan Indien à la mer Méditerranée. Cela en fait un point de passage crucial pour le commerce international, en particulier le transport maritime. Sa proximité avec le canal de Suez renforce encore son importance géostratégique.
Le détroit de Bab-el-Mandeb, qui se trouve à proximité de Djibouti, est l’une des voies maritimes les plus importantes au monde en raison de sa position stratégique à l’entrée de la mer Rouge.
Voici une comparaison avec d’autres détroits majeurs en termes de trafic maritime et du capital généré par le commerce dans cette voie maritime :
Détroit de Bab-el-Mandeb (Mer Rouge) :
Le détroit de Bab-el-Mandeb est l’une des voies maritimes les plus fréquentées au monde.
Il relie l’océan Indien à la mer Méditerranée et constitue le point de passage obligé pour les navires empruntant la route du canal de Suez, l’une des artères maritimes les plus importantes au monde.
Des milliers de navires de commerce, y compris des pétroliers, des porte-conteneurs et des navires transportant des marchandises en vrac, traversent ce détroit chaque année.
Le commerce international, notamment le pétrole, les marchandises manufacturées et d’autres produits, génère d’énormes revenus pour les pays de la région et les économies mondiales. Les péages du canal de Suez, situé à proximité, sont une source importante de revenus pour l’Égypte.
Détroit de Malacca (Asie du Sud-Est) :
Le détroit de Malacca est un autre détroit crucial en termes de trafic maritime.
Il relie l’océan Indien à la mer de Chine méridionale et permet le passage des navires entre l’Asie de l’Est et l’Asie du Sud-Est.
Il est l’une des voies les plus fréquentées au monde, avec des milliers de navires passant par chaque année.
Le commerce généré par le détroit de Malacca est essentiel pour les économies de la région, notamment la Chine, le Japon, la Corée du Sud et d’autres pays asiatiques.
Détroit de Gibraltar (Europe) :
Le détroit de Gibraltar relie la mer Méditerranée à l’océan Atlantique.
Il est important pour le commerce entre l’Europe et l’Afrique, ainsi que pour le transit des navires entre l’Atlantique et la Méditerranée.
Le port de Gibraltar est un point clé pour le ravitaillement et les opérations de transit.
Le commerce maritime via le détroit de Gibraltar est essentiel pour les économies européennes et africaines.
Chacun de ces détroits joue un rôle vital dans le commerce international en permettant le passage des navires entre les différentes régions du monde. Le capital généré par le commerce dans ces voies maritimes est colossal, car il touche presque tous les secteurs de l’économie mondiale, notamment l’énergie, les produits manufacturés, les matières premières, les produits alimentaires, et plus encore. Ces détroits sont donc des centres névralgiques du commerce mondial et des sources majeures de revenus pour les pays qui les contrôlent ou qui en tirent des bénéfices économiques.
Plusieurs puissances étrangères, dont les États-Unis, la France, la Chine et le Japon, ont établi des bases militaires à Djibouti. Ces bases servent divers objectifs, notamment la lutte contre le terrorisme, la sécurité maritime et la projection de puissance dans la région. La présence de ces bases étrangères témoigne de l’importance de Djibouti dans les affaires mondiales.
Les effectifs militaires étrangers à Djibouti varient en fonction des pays.
Les Etats-Unis déploient près de 3200 militaires à la base aérienne de Camp Lemonnier, à Djibouti (dont un bataillon qui peut être projeté vers le Moyen Orient, et le 10 -ème groupe de Navy Seal qui peut mener des opérations clandestines) et plus de 3000 civils sur une base de 200 hectares.
La France maintient une présence significative avec sa base à Djibouti-ville, avec 1 450 militaires des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDj) est encadrée par un traité de coopération en matière de défense signé en 2011.
Les effectifs chinois ont également augmenté au fil des ans, en particulier avec l’ouverture de leur première base militaire à l’étranger en 2017.base d’environ 36,5 ha accueillerait environ 300 soldats chinois et nécessiterait le paiement annuel de 20 millions de dollars par la Chine au gouvernement djiboutien durant 10 ans, avec option de prolongation de 10 ans.
il est difficile de connaître le nombre réel, mais nous estimons qu’il y a en moyenne 1.500 personnes dans la base.” Une évaluation confirmée par Preligens. Selon les autorités Djiboutiennes “Les Chinois sont moins de 1.000 dans la base qui est uniquement dédiée à l’appui logistique”.
La présence de bases militaires étrangères à Djibouti comporte à la fois des avantages et des risques pour le pays hôte.
Djibouti bénéficie d’une assistance économique et sécuritaire de la part des pays étrangers présents sur son territoire.
La présence de ces bases peut créer des opportunités économiques, telles que des emplois locaux et des contrats pour les entreprises djiboutiennes.
Il existe un risque d’enracinement des bases militaires étrangères dans le long terme, ce qui pourrait affecter la souveraineté de Djibouti. Par exemple, des pays pourraient chercher à étendre leurs installations ou à exercer une influence politique excessive.
Les tensions géopolitiques entre les puissances étrangères présentes à Djibouti pourraient créer des défis pour le pays, notamment en cas de conflits ou de rivalités entre ces acteurs.
La dépendance économique vis-à-vis de ces puissances étrangères pourrait également être un problème si Djibouti ne diversifie pas son économie et sa base de partenaires.
Djibouti doit donc gérer avec précaution la présence des bases militaires étrangères sur son territoire afin de maximiser les avantages tout en minimisant les risques pour sa souveraineté et sa stabilité à long terme. Cela nécessite une diplomatie habile et une gestion efficace de ces relations internationales.
Pour réduire les risques de dépendance économique et sécuritaire de Djibouti vis-à-vis des puissances étrangères, il est essentiel que Djibouti travaille en étroite collaboration avec ses États frontaliers et d’autres pays africains de la région. Voici quelques politiques commerciales et sécuritaires sous-régionales et continentales qui pourraient être envisagées :
Encourager la croissance du commerce intra-africain en éliminant les barrières tarifaires et non tarifaires.
Faciliter les échanges commerciaux en améliorant les infrastructures de transport transfrontalières, telles que les routes, les chemins de fer et les ports.
Participer activement à des accords commerciaux régionaux et continentaux, tels que la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), pour renforcer les liens économiques avec d’autres pays africains.
Établir des mécanismes de coopération en matière de sécurité avec les États voisins pour lutter contre les menaces transfrontalières, notamment le terrorisme, la piraterie maritime et le trafic illicite.
Organiser des exercices conjoints et des patrouilles maritimes pour sécuriser les voies navigables régionales, y compris le détroit de Bab-el-Mandeb.
Investir dans la diversification de l’économie de Djibouti pour ne pas dépendre uniquement du secteur du transport maritime et des bases militaires étrangères.
Développer des secteurs tels que l’agriculture, le tourisme, les énergies renouvelables et les industries manufacturières.
Améliorer la capacité institutionnelle du gouvernement pour négocier des accords commerciaux équitables avec d’autres pays et garantir le respect des réglementations.
Mettre en place des mécanismes de surveillance pour garantir que les revenus générés par le commerce bénéficient au développement durable du pays.
Engager un dialogue diplomatique régulier avec les pays voisins pour résoudre les différends et promouvoir la coopération en matière de sécurité et de commerce.
Participer activement aux organisations régionales telles que l’IGAD (Autorité intergouvernementale pour le développement) pour renforcer les relations avec les États voisins.
Investir dans la formation et le développement de la main-d’œuvre locale pour qu’elle puisse occuper des postes clés dans les secteurs économiques et de sécurité du pays.
En mettant en œuvre ces politiques commerciales et sécuritaires, Djibouti peut réduire sa dépendance vis-à-vis des puissances étrangères tout en renforçant sa souveraineté et sa stabilité à long terme. La coopération régionale et continentale joue un rôle crucial dans la réalisation de ces objectifs.
BRES-Octagone
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