Conférence sur les Défis Géopolitiques de l’Afrique à la Lumière de la Pensée de Cheikh Anta Diop.

Le mercredi 7 mai 2025, s’est tenue à la FASTEF (ex-École Normale Supérieure) la deuxième session d’une série de conférences stratégiques organisée dans le cadre d’un partenariat pédagogique entre le Club Cheikh Anta Diop de la FASTEF et le Bureau de Recherche et d’Études Stratégiques – Octagone (BRES-Octagone). Le thème de cette rencontre portait sur :
« Réalités conflictuelles et rapports de forces géopolitiques en Afrique : Quelle alternative à partir de la vision de Cheikh Anta Diop ? »

Ce cadre pédagogique, fruit de la collaboration entre les deux institutions, a pour vocation de nourrir la réflexion critique, l’analyse stratégique et l’action prospective en faveur d’une Afrique souveraine, unie et résiliente face aux enjeux géopolitiques contemporains.
C’est dans cette dynamique que Monsieur Lamine KEBE, fonctionnaire au Ministère de la Culture, diplômé du Centre des Hautes Études de Défense et de Sécurité (CHEDS) et conseiller technique au BRES-Octagone, a été convié en qualité de conférencier.

L’Afrique face à son histoire et ses tensions géopolitiques

Dans son propos liminaire, le panel a rappelé que l’Afrique, depuis des siècles, subit l’impact des grandes puissances internationales qui convoitent ses ressources naturelles. Le continent, riche de ses terres, de ses jeunes populations et de ses matières premières, est devenu un enjeu géostratégique majeur, au cœur d’une nouvelle guerre froide entre grandes puissances.

L’introduction a mis en lumière l’asymétrie entre la puissance géo-économique de l’Afrique et son incapacité structurelle à se protéger contre les influences extérieures, pointant l’absence de souveraineté globale et de cadre unifié de gouvernance.

Une cartographie des conflits africains

Un retour historique sur les conflits majeurs ayant secoué l’Afrique depuis les indépendances a permis de dresser une cartographie des guerres internes, ethniques, idéologiques et sécessionnistes. Des luttes anti-apartheid en Afrique du Sud, aux guerres d’indépendance en Algérie, Guinée-Bissau ou Angola, en passant par les conflits civils au Soudan, au Nigeria, en RDC ou au Tchad, les intervenants ont souligné la continuité de l’instabilité comme conséquence d’un modèle étatique hérité de la colonisation, non adapté aux réalités africaines.

L’analyse a été enrichie par des données documentées, notamment des sources comme le DFID et le Foreign Commonwealth Office.

Les jeux d’influence et rapports de forces extérieurs

Le deuxième axe de la conférence a mis en exergue la complexité des rapports de force géopolitiques actuels en Afrique. Plusieurs puissances étrangères (États-Unis, France, Chine, Russie…) s’y affrontent par coopérations stratégiques, interventions militaires, accords économiques et partenariats militaires.

Il a été question de :

  • La recomposition du monde en pôles multipolaires.

  • La remise en cause du partenariat occidental face à l’émergence d’alternatives venues du Sud global.

  • La militarisation du continent et la présence de bases étrangères comme symptôme d’une souveraineté compromise.

L’Afrique, loin d’être spectatrice, est ainsi instrumentalisée dans une rivalité globale, ce qui empêche une construction autonome de son devenir.

Une alternative endogène selon Cheikh Anta Diop.

La dernière partie de la conférence a été consacrée à l’alternative panafricaine défendue par le penseur Cheikh Anta Diop. L’historien, anthropologue et physicien sénégalais proposait un projet clair : la création d’un État fédéral africain, appuyé sur :

  • Une unité culturelle et linguistique

  • Une base scientifique et industrielle solide

  • Un socle philosophique hérité de l’Égypte antique comme matrice civilisationnelle

La réhabilitation de la conscience noire, la souveraineté économique et le contrôle des ressources sont des piliers incontournables dans la pensée diopienne, qui continue d’inspirer plusieurs générations.

Vers une souveraineté africaine globale

En guise de conclusion, les intervenants ont insisté sur la nécessité de bâtir une union politique et militaire africaine, capable de résoudre les conflits internes et de se positionner dans le jeu mondial. L’appel à une rupture avec les logiques néocoloniales a été unanime, tout comme la reconnaissance de la pertinence des écrits de Cheikh Anta Diop, toujours d’actualité.

La conférence s’est achevée sur une note de gratitude et un engagement renouvelé à approfondir les réflexions pour une Afrique souveraine, unifiée et capable d’agir sur son destin.

Compte rendu

BRES-Octagone

bres.octagone.drt@gmail.com

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