(NOTE D’ANALYSE)
Dans le cadre de la concurrence économique mondiale, les ports sont des atouts stratégiques majeurs, pour les états avec de fortes industries. Les pays dotés de ports performants bénéficient d’un dynamisme commercial qui renforce leur position sur la scène internationale. Pour les États africains, surmonter les défis liés à la dépendance économique et à l’amélioration des infrastructures portuaire, est essentiel pour améliorer leur compétitivité; pour bien intégrer les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Contexte économique et commercial des États africains
La plupart des États africains souffrent d’une faiblesse industrielle significative, caractérisée par :
- Beaucoup d’économies africaines, reposent sur l’exportation de ressources naturelles (pétrole, minerais, produits agricoles) qui sont exploitées par des multinationales, au profit des puissances étrangères. Ce qui les rend faibles et vulnérables face aux réalités concurrentielles du marché mondial.
- Très peu de pays africains ont développé une véritable industrie lourde, ce qui limite leur capacité à produire des biens à valeur ajoutée et à participer pleinement au commerce mondial.
Il est vital, pour les états africains, de lier le développement de politiques portuaires, aux exigences économiques concurrentielles mondiales.
Selon les données les plus récentes, l’Afrique subsaharienne ne représente que 2 % de la production et 3 % du commerce dans le monde, alors qu’elle compte 17 % de la population mondiale. Les pays comme le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte sont souvent cités parmi les économies les plus actives en Afrique, mais ils restent en bas du classement global.
En 2023, le Nigeria, avec un PIB de 362,8 milliards de dollars, est le huitième plus grand exportateur de pétrole au monde et possède des richesses minérales variées (gaz naturel, charbon, or, etc.). Cependant, son commerce extérieur reste dépendant du pétrole. Le port de Lagos, crucial pour le commerce nigérian avec un volume d’un million d’EVP, se classe entre la 40ème et la 50ème place mondiale, mais souffre de congestion et d’un manque d’infrastructures.
L’Afrique du Sud, avec un PIB de 377,8 milliards de dollars En 2023, possède une économie diversifiée, mais ses infrastructures portuaires sont souvent obsolètes. Le port de Durban, l’un des plus grands d’Afrique, traite 2,54 millions d’EVP et se classe 78ème mondial, bien qu’il soit en dessous des standards de ports comme Rotterdam ou Shanghai.
L’Égypte, quant à elle, affiche un PIB de 395,9 milliards de dollars. Selon la Banque africaine de développement, son économie est dominée par les services (51% du PIB) et les industries (34%), avec une industrie manufacturière représentant 16,3%. Malgré son emplacement stratégique entre la Méditerranée et la mer Rouge, le port d’Alexandrie ne rivalise pas avec les grands ports européens ou asiatiques. Cependant, le canal de Suez constitue un atout majeur pour le pays.
Le Maroc se positionne comme un leader économique en Afrique, atteignant la 2e place du classement de l’attractivité commerciale pour 2024-2025 selon Bloom Consulting, surpassant l’Afrique du Sud et se plaçant juste derrière l’Égypte. Cette performance est soutenue par le port Tanger Med, devenu le premier port à conteneurs en Méditerranée et en Afrique, avec un traitement de 9 millions d’EVP en 2023, en hausse de 13,4% par rapport à 2022. Tanger Med se classe 19ème parmi les 500 ports à conteneurs mondiaux, offrant une connectivité vers 180 ports et 70 pays, renforçant ainsi son rôle stratégique dans le commerce mondial.
Comparaison avec d’autres continents
Les pays avec des économies robustes, comme la Chine, les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas, possèdent des ports de premier plan qui soutiennent leur dynamique commerciale :
La Chine, avec le port de Shanghai, domine le classement mondial du top vingt (20), avec ses 49 158 000 EVP en 2023. Les neuf (09) ports chinois présents dans le Top 20 représentent 54,8% du trafic cumulé des vingt (20) premiers ports mondiaux, permettant à la Chine de devenir l’atelier du monde. La densité des flux d’importations et d’exportations y est énorme, facilitée par des infrastructures avancées et une logistique efficace.
Aux États-Unis, les ports de Los Angeles 18iéme mondial qui en 2023 comptabilisait 8 629 681 EVP et de New York sont cruciaux pour le commerce transpacifique et transatlantique, servant de points d’entrée majeurs pour les biens importés.
Pour l’Allemagne, le port de Hambourg (8 086 000 EVP) est un pivot pour le commerce européen, reliant l’Allemagne à divers marchés internationaux, notamment en Asie.
Au niveau des Pays-Bas, le port de Rotterdam (14,000 000 EVP) qui représente le plus grand port d’Europe, est un point névralgique pour le transit des marchandises, renforçant la position des Pays-Bas en tant que plaque tournante logistique.
Selon, le site le portsetcorridors.com : « La répartition par continent montre la place prédominante de l’Asie.
Avec 55 ports et 118,3 MEVP, l’Asie sort, cette année, grande vainqueur. Le continent progresse de 2,5% en 2023. Outre cette position générale, les ports d’Asie trustent aussi les places des ports avec plus de 10 MEVP. En seconde place de cette répartition par continent, l’Europe occupe 20% des ports millionnaires.
L’Europe perd 2%
Le vieux continent pèse 19,5% des trafics conteneurisés des millionnaires. Grâce à Rotterdam et Anvers, l’Europe entre dans le cercle des ports avec des trafics supérieurs à 10 MEVP. Cependant, le continent accuse un repli de 2% de son trafic. Les baisses de trafic des ports du range nord, à l’image d’Haropa Port, pèsent sur cette tendance. Que ce soit Rotterdam, Anvers, Hambourg Haropa Port et Bremerhaven, tous perdent des volumes. En Méditerranée, l’ouest perd des trafics, notamment Barcelone, Valence, Marseille-Fos et Gênes. À l’est les ports turcs et Le Pirée redresse la barre.
L’Amérique du Sud progresse de 0,4%
Vient ensuite l’Amérique du Nord. Le continent représente 12,5% des trafics de ce classement à 45,9 MEVP. Un trafic en baisse de 10,4%. Constituée des États-Unis et du Canada, ce continent a enregistré des pertes supérieures à 10% dans de nombreux grands ports nationaux, à l’image de los Angeles, Long Beach, New-York et Savannah. Du côté de l’Amérique du Sud, qui intègre l’Amérique latine et l’Amérique centrale, le constat est le même que son homologue du nord. Elle réalise 12% des trafics à 43,9 MEVP. Cependant, dans cette partie du continent américain, le trafic se stabilise avec une progression de 0,4%.
L’Afrique affiche la plus forte progression
Enfin, l’Afrique et le sous-continent indien restent les parents pauvres de ce classement. Chacune de ces régions totalisent 7% du trafic du classement. Avec 25,6 MEVP, le continent africain affiche des trafics en progression. Il s’affiche comme le continent en plus forte progression avec une hausse de 7% de ses trafics d’une année sur l’autre. Le continent est tiré par Tanger Med qui réalise, en 2023, un trafic de 8,6 MEVP, en progression de 13,4%. Sur les huit dernières années, Tanger Med a vu son trafic conteneurisé augmenter de 191%. En 2023, les ports de Damiette, Mombasa et Casablanca ont tiré leur épingle du jeu avec des progressions supérieures à 10% ».
Capacités des grands pays constructeurs navals
Les principaux pays constructeurs navals, tels que la Corée du Sud, le Japon et la Chine, influencent fortement le commerce maritime en fournissant des navires modernes et efficaces. La capacité de ces pays à produire des navires adaptés aux besoins du commerce international renforce leur position dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Le leader dans la construction de navires de grande capacité, notamment des pétroliers et des porte-conteneurs, est la Corée du Sud qui contribue à l’efficacité des flux commerciaux.
Également, la Chine avec des investissements massifs dans la construction navale, la Chine a amélioré sa compétitivité maritime, facilitant l’exportation de ses propres produits.
Contrôle des flux commerciaux maritimes
Le contrôle des routes maritimes et des ports stratégiques permet aux pays dominants de réguler les échanges mondiaux. Les tensions géopolitiques, comme celles dans le détroit de Taiwan ou le détroit d’Ormuz, soulignent l’importance des ports et des voies maritimes dans la sécurité économique.
Défis pour les États africains
Les pays africains, bien que riches en ressources, font face à plusieurs défis liés à leurs ports :
- Manquent d’infrastructures modernes, ce qui limite leur capacité à gérer les flux commerciaux.
- Economies souvent dépendantes des exportations de matières premières, ce qui rend vulnérables les états africains aux fluctuations des marchés mondiaux.
- Concurrence des ports mieux équipés dans d’autres régions, ce qui complique leur intégration dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
La faiblesse industrielle et l’absence d’industrie lourde en Afrique limitent sa compétitivité dans le commerce mondial. Les ports africains, bien qu’ils aient un rôle local important, peinent à rivaliser avec les ports d’autres continents. Pour améliorer leur position sur la scène mondiale, les États africains doivent investir dans le développement industriel, la modernisation portuaire, l’amélioration des infrastructures logistiques en renforçant leur connectivité.
Note d’analyse du 27-09-2024
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