Mis à l’honneur à l’occasion du dernier défilé du 14-Juillet sur les Champs-Élysées, le groupement européen de forces spéciales « Takuba » est appelé à tenir un rôle plus important dans les prochains mois, avec la refonte du dispositif militaire français au Sahel.
Pour rappel, la mission de Takuba est d’accompagner les armées locales au combat, contre les groupes terroristes qui, affiliés à al-Qaïda et à l’État islamique, sévissent au Sahel. Actuellement, la France, l’Estonie, la Suède, la République tchèque et l’Italie ont déployé des troupes au sein de cette unité, tandis que le Portugal, la Belgique et les Pays-Bas lui ont affecté quelques officiers de liaisons.
Ces dernières semaines, le Danemark et la Roumanie ont confirmé leur participation prochaine. Et un autre pays vient d’annoncer son intention de rejoindre cette opération : la Norvège. Cette décision peut sembler surprenante au premier abord car, en mars 2020, le gouvernement norvégien fit savoir que, faute de soutien politique au Parlement [le Storting], il ne serait pas en mesure de déployer ses forces spéciales au Sahel comme il en avait eu initialement l’intention.
« Dans la mesure où nous y manquons du soutien nécessaire, nous avons conclu que la Norvège ne participera pas à cette force maintenant », avait en effet expliqué Frank Bakke-Jensen, le ministre norvégien de la Défense. Cependant, il avait laissé la porte entrouverte à une éventuelle contribution à l’avenir, en assurant que cette position pourrait être « réévaluée » à une date ultérieure.
Reste que, la semaine passée, et alors que des élections législatives sont prévues en septembre prochain, la Norvège a fait savoir qu’elle participerait à Takuba, via une « petite contribution », à partir de l’automne.
Cette « contribution, même modeste, nous permettra de mieux comprendre la situation dans la région. Elle renforcera également notre coopération en matière de défense avec la Suède », a expliqué M. Bakke-Jensen.
Car, en effet, il est question d’affecter les militaires norvégiens au détachement suédois de la force Takuba. Celui-ci compte 150 hommes et trois hélicoptères de manoeuvre et d’assaut UH-60 « Black Hawk ». Son retrait est prévu en 2022.
En outre, le ministre norvégien a également estimé qu’il serait « approprié » que des officiers soient affectés à l’état-major de Takuba pour « avoir la possibilité d’avoir un aperçu et une influence dans la structure de commandement ».
La Norvège est membre de l’Otan mais pas de l’Union européenne [UE]. Ce qui ne l’a nullement empêché de rejoindre l’Initiative européenne d’intervention [IEI], lancée par la France en juin 2018.
Cette dernière, rappelle le ministère des Armées, permet ainsi « d’inclure des pays européens très investis dans l’engagement opérationnel au profit de la sécurité du continent mais qui ne peuvent pas agir dans le cadre de la Politique de sécurité et de défense commune [PSDC] »de l’UE. C’est ainsi le cas de la Norvège, du Royaume-Uni et du Danemark.
par Laurent Lagneau Juillet 2021